Résumé :
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Le livre de J.-M. Garrigues est une réflexion sur la place de l'Eglise dans la société libérale, et son attitude, parfois hésitante, à l'égard des régimes totalitaires de notre siècle, le nazisme et le communisme. Depuis plusieurs années, les voix autorisées dans l'Eglise ont en effet pris l'habitude de décrire le monde en fonction d'une fausse symétrie : à l'Ouest, matérialisme "pratique", à l'Est, matérialisme "théorique". L'auteur démontre l'absurdité de cette symétrie. Lorsqu'on dit que l'Ouest est "matérialisme", on vise seulement le fait que les individus et les groupes y ont la possibilité de défendre leurs intérêts matériels et moraux. Et l'Eglise, même si elle peut et doit réprouver les excès qui se produisent dans cette recherche de l'intérêt, ne peut qu'en approuver le principe. A l'Est au contraire, c'est la possibilité même pour l'homme de recherche son intérêt, son son bien, d'exprimer sa nature, qui est interdite et réprimée. Le régime communiste est intolérable moins parce qu'il est officiellement athée que parce qu'il est effectivement contre-nature. La source de cette confusion vient de ce que l'Eglise ne s'est pour ainsi dire jamais réconciliée complètement avec l'Etat libéral, qui s'est constitué historiquement contre elle. Les catholiques des sociétés libérales ont donc eu tendance à se replier sur eux-mêmes, à se comporter comme s'ils étaient une "contre-société". Pour l'auteur, l'Eglise doit accepter la société libérale comme le cadre naturel de sa mission : les hommes qui vivent dans cet ordre social doivent être convertis, mais cet ordre ne doit pas être renversé, car il est la seule organisation sociale et politique décente dans laquelle les hommes puissent vivre aujourd'hui.
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