Avec cet ouvrage, Claude Tassin nous introduit dans un sujet peu étudié chez Paul : le travail et l'argent. Or, Paul est le seul dans le Nouveau Testament à se confier sur les problèmes matériels et financiers qu'il rencontre. Même s'il n'en fait pas un enjeu théologique majeur de sa prédication, on voit bien que Paul cherche des solutions qui soient compatibles avec l'Évangile qu'il a reçu et dont il veut être partout le témoin. Il n'hésite pas à emprunter des pratiques du judaïsme et de l'Empire romain du moment qu'elles servent l'idée qu'il se fait de l'amour fraternel comme concrétisation de l'agapè. Il peut travailler de ses mains pour ne pas dépendre des communautés dans lesquelles il séjourne, accepter des subsides venant de communautés où il a séjourné auparavant, plaider pour une concrétisation financière de la « charité » (l'agapè) dans les communautés fondées par lui, allant jusqu'à organiser une grande collecte pour l'Église de Jérusalem. Par ses engagements concrets, Paul pose, sans le savoir, les bases de futures doctrines sociales. Il oppose à l'égocentrisme, à l'avidité et aux inégalités, les valeurs évangéliques de gratuité et de réciprocité et témoigne ainsi que, sans se vérifier dans les réalités économiques, l'Évangile reste une Idéologie.