Résumé :
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La construction du Pentateuque manifeste l'identité anti-égyptienne d'Israël en s'appuyant sur l'élément fondateur qu'est la sortie d'Égypte. En compensation, le cycle de Joseph présuppose des rapports moins conflictuels avec l'Égypte. Le peuple d'Israël est sauvé de la famine par les Égyptiens. De ce fait, l'identité exodique du peuple d'Israël est mise en question par le cycle de Joseph anti-exodique. Par ailleurs, il ressort que les deux chapitres, Gn 38 et Gn 49, n'entrent pas naturellement dans le cadre de l'histoire du personnage de Joseph. Ils se rapportent à un autre personnage - Juda - et leur intérêt réside dans l'évocation de Canaan. Or, ils expriment deux visions totalement différentes du personnage de Juda: Gn 38 contient une critique de la réticence de ce dernier à entrer en relation avec les étrangers, alors que Gn 49 se concentre sur les douze fils d'Israël, parmi lesquels Juda prend une place prééminente. Gn 38, comme histoire de Joseph en Égypte (Gn 39* et les chapitres suivants), prône l'ouverture aux étrangers. Au contraire, Gn 49 met l'accent sur l'identité spécifique d'Israël. Ces deux chapitres se présentent comme une relecture du cycle de Joseph effectuée à un moment particulier de l'histoire d'Israël, probablement entre la conquête de l'Égypte par l'Empire perse (VIe à Ve s. av. J.-C.) et la perte de contrôle de celle-ci (première moitié du IVe s. av. J.-C.). Cette relecture portant sur l'insertion du cycle de Joseph dans le Pentateuque permet de cerner et d'interpréter l'opposition de ces deux courants théologiques: ouverture à l'étranger et identité spécifique d'Israël.
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