Résumé :
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Le lieu premier de manifestation de la Trinité est la figure du Christ en ses mystères. La foi trinitaire ne résulte pas d'une subtile articulation entre unité et pluralité, mais d'une méditation sur le rapport de Jésus à son Père et à leur Esprit commun. Telle est la première thèse du présent ouvrage, qui sera vérifiée par l'exploration de la portée trinitaire des mystères du Christ chez deux grands maîtres : pour Thomas d'Aquin, la Trinité est la clé d'interprétation et l'horizon de compréhension de la « vita Christi » ; pour Hans Urs von Balthasar, la figure du Christ et ses mystères sont le lieu par excellence de la révélation de la triunité de Dieu. Un noeud redoutable se présente toutefois : lorsque le Père, le Fils et l'Esprit agissent dans l'économie, comment maintenir à la fois leur spécificité et leur profonde unité d'opération ? L'Aquinate, fidèle au principe classique de l'unité « ad extra » de l'opération de la Trinité, souligne principalement l'unité, mais peine à rendre compte du propre des personnes. Balthasar met en valeur les distinctions révélées dans les mystères, sans toutefois chercher à déterminer dans l'économie une unité à hauteur de l'unité intradivine. C'est pourquoi l'auteur propose une véritable « théologie des mystères du Christ », fondée sur une élaboration philosophique de la révélation comme irruption et nouveauté, cohérente avec la singularité et la contingence des mystères. Ainsi, la théologie trinitaire pourra et devra se déployer à partir de l'agir des personnes divines telle qu'elle se présente dans la vie du Christ, sans quitter celle-ci d'« un pouce ». Il s'agit toutefois d'assurer aussi le pôle de l'unité, en retravaillant sur le plan scripturaire, historique et théologique le principe d'unité « ad extra », afin d'en proposer une formulation nouvelle qui respecte la distinction au sein de l'unité. C'est à ce prix seulement, en effet, qu'il est possible de penser, jusque dans son agir, la triunité de Dieu. Dans cet ouvrage novateur, le père Vetö fait le pari qu'il est possible de dialoguer avec un Maître de la période médiévale pour faire authentiquement oeuvre de théologie contemporaine. Son voeu : que le XXIe siècle soit celui d'un dialogue renoué avec les grands médiévaux, comme le XXe fut celui de la redécouverte des Pères.
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