Saint Augustin est l’un des plus grands représentants de la tradition philosophique et spirituelle occidentale. Entrelaçant l’héritage d’Athènes et de Jérusalem, l’Africain du Nord que fut Augustin d’Hippone a fondé la subjectivité occidentale, articulant sa finitude à l’infinité divine. Il a légué à la tradition occidentale la réflexivité radicale qui mène à l’intériorité vivante. Ses Confessions nous décrivent le tourment à l’issue duquel il atteignit ce point le plus profond de l’âme qui, se dépassant elle-même, fit jaillir de l’expérience intérieure la lumière capable d’éclairer l’existence. Son De Trinitate en fait l’un des plus grands penseurs de la structure spéculative du christianisme dont l’originalité absolue est d’avoir hérité du paradigme hébraïque de l’ouverture par la catégorie de la relation et de l’avoir transposé dans le dogme de la Trinité, l’articulant à la catégorie grecque de l’ousia. Pour désigner Dieu, Augustin préférait au concept de substance le concept d’essence. La modernité qui a tout désubstantialisé ne peut que s’incliner devant cette prédilection, de même qu’elle ne peut que s’incliner devant cette logique de la relation présidant à la vision du monde et de l’homme comme systèmes ouverts. Cette logique de la relation et la modélisation de la vie comme ouverture relationnelle pourraient bien faire du dogme chrétien quelque chose de beaucoup plus moderne qu’il n’y paraît.
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