« Quand j'entrevois, comme aujourd'hui, le simple fond des choses (ce qu'à la condition d'une chance infinie, l'agonie révélera sans réserve), je sais que je devrais me taire : je recule, en parlant, le moment de l'irrémédiable », écrit Georges Bataille. Nous n'ignorons pas que la fin de vie est un combat contre la mort perdu d'avance. Mais surtout, nous redoutons tous les derniers moments d'une agonie, synonyme d'effroi et de désespoir. Est-on pour autant inéluctablement condamné à subir la tragédie finale ? Serait-il possible d'envisager, à l'heure sombre, le dévoilement d'une dimension autre ? C'est d'abord un itinéraire de lumière que nous propose Blandine Humbert dans un essai audacieux. Partant de notre condition d'homme vivant, de sujet ayant un corps, elle engage une réflexion pour vivre paisiblement, ou du moins réconcilié avec les autres et soi-même, le grand passage. À condition toutefois d'accepter les risques à courir... Les aléas du voyage, passivité et pauvreté, abandon et désespoir peuvent amener à une traversée où surgit de notre incarnation même la surprise de la rencontre de notre moi profond. Sans pour autant ignorer nos failles et nos vulnérabilités, la fin de vie peut être ainsi une occasion de consentir à ce que nous sommes, pleinement et joyeusement. À défaut de choisir de mourir, nous pouvons nous révéler jusqu'au dernier jour.
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