En christianisme, l'apologétique appartient pleinement à la modernité considérée comme la séquence temporelle, ou civilisationnelle, qui s'ouvre avec le XVIIIe siècle. La nouvelle configuration politique et sociale, à laquelle la religion chrétienne se confronte, implique de rompre avec les anciennes traditions de l'apologie ou de la controverse : il faut à la fois mettre en place un dispositif plus ample de défense des vérités de foi et s'adresser à un public dont la critique ne s'inscrit plus dans le champ de la théologie. Exercice qui s'impose d'autant plus que les questions religieuses restent au coeur des débats dans des sociétés où les confessions, catholique comme protestantes, disposent d'une base sociologique solide et sont un puissant agent d'influence. La constitution de l'apologétique comme pratique identifiée a pris du temps, mais elle a existé avant que le mot ne devînt d'usage courant aux alentours de 1850 et qu'elle survécût à la raréfaction du terme à partir des années 1950, quand, précisément, l'assise sociologique et culturelle du christianisme se fragilise. Entre ces deux bornes chronologiques, durant un demi-siècle qui va des années 1880 aux années 1930, l'apologétique catholique française connaît un âge d'or dont le présent ouvrage décrit la gestation, le rayonnement puis l'effacement progressif.
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