L'intégration du christianisme dans son siècle n'est rendue possible que par la lente digestion que l'Europe, puis le reste du monde, en ont faite. On ne présente pas un christianisme nouveau, ou plutôt sa nouveauté consiste dans son incessante ingestion dans des sociétés différentes et sa surprenante plasticité pour adhérer à des périodes diverses de l'histoire et à des sociétés hétérogènes. Ce n'est pas en tronçonnant le christianisme, et en le déracinant qu'on pourra le planter profondément et lui faire porter des fruits aujourd'hui. Les Pères ont transmis ce qu'ils avaient reçu. La tâche actuelle est la même, au sens de cette tradition nommée au coeur de la prière eucharistique, traditur, qui se dit successivement du Christ aux mains des pécheurs et du pain aux mains du Christ-prêtre. Nous avons essayé de relire les Pères en leur posant aussi nos questions ou en les interpellant de façon libre sur divers points de leurs oeuvres qui nous posent problème. Nous nous sommes demandés aussi pourquoi ces Pères sont-ils encore lus, étudiés, édités aujourd'hui ou, au contraire, pourquoi certains d'entre eux sont tombés dans l'oubli ? Quelles parties de leurs oeuvres sont les plus " actuelles " et quelles autres parties ne disent plus rien, ou presque rien, à l'homme moderne ? Que faut-il garder de l'enseignement et de l'exemple des Pères et que faut-il rejeter ou interpréter avec une certaine précaution ?
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