Titre : | Revue Théologique des Bernardins, 22 - Janvier-avril 2018 - Philosophie et mystique |
Type de document : | Bulletin : texte imprimé |
Paru le : | 01/01/2018 |
Année de publication : | 2018 |
Langues: | Français |
Note de contenu : |
Sommaire
Editorial Gemma Serrano Dossier : « Philosophie et mystique » > Vocabulaire philosophique et langage mystique Florent Urfels Poursuivant la célèbre étude d'Henri de Lubac, « Anthropologie tripartite », cet article retrace l'origine le plus souvent stoïcienne des métaphores utilisées par les mystiques pour rendre compte de leur expérience de Dieu: oeil de l'âme, fond de l'âme, fine pointe de l'âme... Cette communauté de langage entre philosophie et mystique n'implique aucune immanentisation ou naturalisation de la Révélation mais au contraire élévation et spiritualisation de la pensée héritée des Grecs. Mots-clés: mystique, esprit, stoïcisme, Philon, saint Paul, saint ustin, saint Bonaventure, Maître Eckhart, hellénisation. > Sens spirituels et expérience mystique dans un commentaire liturgique du xne siècle: le Canticum pro assumptione de Hugues de Saint-Victor Patrice Sicard, Faculté Notre-Dame; CNRS-IRHT Le Canticum pro assumptione est un opuscule de Hugues de Saint-Victor commentant des versets du Cantique des cantiques qui se trouvent être repris dans une antienne liturgique pour la fête mariale. Non pas donc oeuvre d'exégèse directement biblique, mais, plus immédiatement, liturgique. Des thèmes à la fois mariaux et ecclésiaux sont traités selon les dimensions Anima-Maria-Ecclesia, dont celui de la Vierge Marie, mater Ecclesiae. Lecture mariale, ecclésiale et personnelle forment un camaïeu en surimpression partielle. Une utilisation large est faite de la doctrine des sens spirituels. On en tente une investigation qui puisse les situer dans leur hiérarchie, leurs rapports mutuels et leurs rôles respectifs qui mettent en oeuvre une pédagogie spirituelle. Mots-clés: mystique, Hugues de Saint-Victor, Canticum pro assumptione, sens spirituels, jardin mystique, Cantique des cantiques, liquefactio, ebrietas. > Dieu : le lieu et le temps du drame Dominique de Courcelles, Professeur directrice de recherche. Centre national de la recherche scientifique - Ecole normale supérieure - Centre Jean Pépin, Paris, France. La mystique, jouant « sans raison » l'absence dans la présence et la présence dans l'absence, insistant sur la primauté du demeurer et de 1'« être dans » tout en se fondant sur l'avancée au-delà, dans la profondeur, se fait plasticienne du verbe et des corps, science méta-physicienne. Penser la mystique en tant qu'art intime de la relation au divin et à l'ensemble du monde créé comme empreinte divine, en tant qu'investigation sur l'existence humaine dispersée rapportée à l'essence divine, est une tâche philosophique qui, par la prise en compte de l'activité plasticienne et du jeu inspiré de la matière et des corps, permet à la philosophie, et également à la théologie, de se porter à la pointe d'elle-même. Dans le rappel de 1'« unique nécessaire », dont parle l'Evangile: Dieu, lieu et temps du drame. L'écrivain et dramaturge Valère Novarina, en s'inscrivant dans toute une tradition de la philosophie, de la théologie et de la mystique, démontre superbement que Dieu est le théâtre du langage, lieu et temps de l'acte du verbe. L'art dramatique se fait bien ici opérateur, réalisateur par excellence de la parution sensible de l'Être. Ainsi se communique l'incommunicable. Mots-clés: Aristote, Augustin, Bernard de Clairvaux, Calderón de la Barca, Catherine de Sienne, Chômei, communion, corps, Franz Rosenzweig, Hans Urs von Balthasar, Honorius d'Autun, Jean de la Croix, Jean Scot Erigène, José Angel Valente, langage, lieu, liturgie, Maître Eckhart, matière, Maurice Merleau-Ponty, mémoire, métaphysique, Michel de Certeau, mort, mystique, Paul Ricoeur, Platon, profondeur, Raymond Lulle, saint Jean, saint Paul, sensible, souffle, Stanislas Breton, temps, terre, théâtre, Thomas d'Aquin, Valère Novarina, vide. > Edith Stein: l'expérience mystique comme lieu philosophique. Justification et enjeux Bénédicte Bouillot, maître de conférences en philosophie aux Facultés jésuites de Paris (Centre Sèvres) Edith Stein, comme d'autres philosophes du xxe siècle revalorisant la dimension de l'expérience, intègre la mystique à sa démarche philosophique. Son geste trouve une double justification: l'une phénoménologique, et l'autre liée à une conception originale de la philosophie chrétienne. De ce fait, l'intérêt d'Edith Stein se porte sur la mystique chrétienne : une mystique de la Croix, comportant une double face - la nuit obscure et l'union à Dieu. Quel est l'intérêt philosophique de cette démarche originale? Tout d'abord, loin de représenter simplement un vécu marginal, l'expérience mystique peut apparaître chez Edith Stein comme paradigmatique de toute expérience : elle dévoile en effet parfaitement le mouvement kénotique de nécessaire perte de soi pour vivre de l'autre, qui structure l'ensemble de l'existence humaine. Plus radicalement encore, le vécu mystique fait apparaître que la vérité ultime du vivre de l'autre, est un vivre pour l'autre : « la substitution à autrui », attitude qui accomplit, en la dépassant, l'exigence éthique de responsabilité à l'égard d'autrui. Ce faisant, l'expérience mystique atteste de la possibilité d'un amour infini pour l'autre, qui va jusqu'à l'amour des ennemis. Elle est ainsi trace du fait que l'homme, décidément, passe infiniment l'homme. Mots-clés: absolu, amour, Croix, divinisation, expérience, kénose, mort, mystique, nuit obscure, phénoménologie, substitution à autrui, vie. > La substitution, une mystique levinassienne? Magdalene Thomassen, Professeur de philosophie à l'Institut VID Diakonhjemmet (Oslo). Dans la pensée levinassienne, la notion de la substitution est une formulation radicale de la responsabilité où, face à l'autre, le sujet se reçoit lui-même dans une passivité foncière. Nous explorons ici une parenté possible entre les descriptions de la substitution chez Levinas et les récits d'une « expérience mystique » de rencontre avec Dieu. Prenant comme exemple quelques témoignages de la tradition mystique chrétienne, nous regardons d'abord la pensée de la substitution à la lumière de la pensée chrétienne de la kénose. Ensuite, nous identifions quelques points d'approche en examinant la tradition mystique dans ses deux versants de voie épistémologique de connaissance et de voie existentielle de relation. Finalement, c'est par la densité de la notion de la « trace » - la présence d'une absence - que nous pouvons approfondir le sens de la relation à Dieu dans cette philosophie : Dieu est pensé à la fois radicalement séparé et intimement lié au monde des hommes. Mots-clés: Levinas, substitution, kénose, théologie mystique, trace, relation à Dieu. > Entendre les provocations de la mystique selon Pierangelo Sequeri Gemma Serrano, Professeur de théologie et directeur de recherche, Faculté Notre-Dame et Pôle de Recherche du Collège des Bernardins. Le pari de Pierangelo Sequeri est de montrer que le rapport entre philosophie et mystique est intime, salutaire et une tâche urgente pour la théologie contemporaine. Les raisons étant multiples. La mystique ferait sortir des critères binaires d'analyse accentués par les Lumières : théorie et praxis, intellectuel et sensible, foi et raison, penser et expérimenter, et posséderait une force critique et une extrême acuité pour dire le réel. La théologie et la philosophie pourraient entendre ses provocations en vue d'être en mesure d'intégrer l'ordre des affects dans leurs paroles et normes et le reconnaître comme fondement du savoir de la foi. Cette responsabilité de la parole de l'une et de l'autre nommerait les liens affectifs de la conscience et de la liberté et honorerait la justice et la vérité auquel le désir humain tend. Mots-clés: affectas, justice, évidence esthétique, provocations, mystique, critique, pensée, savoir de la foi, liberté, conscience. Variations > Liberté de la gratitude. Gratuite réponse à un don gratuit Pascal Ide Si tout le monde s'accorde sur la définition de la gratitude - elle est la réponse à un bienfait -, en revanche, deux questions demeurent en suspens, concernant son acte et son fondement. Une première partie passe en revue les différentes opinions sur l'acte de la gratitude - prise de conscience du bienfait, émotion éprouvée en le recevant, acte de remerciement qu'appelle ce bienfait - sans pouvoir trancher. Une deuxième partie présente les deux thèses en présence - la reconnaissance est désintéressée (donc libre), elle est une reddition de dette (donc obligatoire) -et tranche en faveur de la première, attestée par de nombreuses études. La conclusion souligne désormais que, des trois actes constitutifs de la gratitude, le retour est premier ; l'essence de la gratitude s'en trouve précisée : elle est la gratuite réponse à un don reçu gratuitement. Mots-clés: gratitude, reconnaissance, gratuité, don, dette, liberté, Mauss. |
Exemplaires (1)
Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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P8/148 (22) | Périodique | INSR Caen | Fonds général | Disponible |