La compagnie des anges Il y a mille et une choses à dire pour situer Fra Angelico dans l'histoire de l'art. On peut le présenter en indirect héritier des novations stylistiques de Giotto, et comme lui en témoin de la place centrale de l'espace toscan en ce moment décisif de l'évolution de l'art pictural. On peut insister sur son rôle charnière entre le gothique international et l'art renaissant, voir en lui un pont vers un monde où le génie de la couleur et du trait s'enrichit de la maîtrise de l'espace et de la lumière. On peut admirer que ce religieux attaché à la plus stricte observance de la règle monastique traditionnelle ait su concilier, en art, fidélité à ce qu'il avait reçu de ses maîtres et accueil des nouveautés les plus radicales, en un renouvellement stylistique permanent qui ne cessa qu'avec sa mort. Tout cela est vrai, et nécessaire - ne serait-ce que pour battre en brèche le plus horripilant et le plus faux des clichés modernes, celui qui veut que le génie ne doive rien à personne,qu'il naisse où il veut, quand il veut, libre de toute attache, de tout héritage, de toute tradition. Mais, cela étant dit, et devant être dit, reste a se confronter à l'essentiel : comprendre ce que, au sein de cette continuité artistique à laquelle il doit beaucoup, fait de Fra Angelico un génie unique, réductible à aucun autre...
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