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Résumés
Nicolas de Cues (1401-1464) a été directement confronté aux nombreux débats ecclésiaux de son temps : conflit avec les Hussites, schisme de Trêves, tensions entre le concile de Bâle et le pape Eugène IV, union des Eglises d'Orient et d'Occident, etc. Sa propre pensée ecclésiologique s'est édifiée de 1432 à 1442, à travers une vingtaine de textes, dont le plus riche est le De concordantia catholica ; elle est nourrie d'ecclésiologies du premier millénaire - comme celles portées par les divers conciles, universels ou particuliers -, mais aussi de la réflexion canonique médiévale. Dans sa construction, le Cusain attache une importance remarquable aux Eglises diocésaines, et plus encore à leurs regroupements provinciaux ou patriarcaux. Le rôle du métropolite, d'origine non sacramentelle, lui paraît par conséquent décisif. Par ailleurs, s'il reconnaît une mission singulière à l'Eglise de Rome, il prend soin de distinguer chaque acception de l'ecclesia romana, insistant sur le fonctionnement synodal. Pourtant, sa perspective ecclésiologique est toujours prioritairement universelle. Cet accent, constant chez lui, s'explique d'abord par sa théologie sacramentaire, en particulier par son regard sur l'épiscopat compris comme un tout uni, succédant aux apôtres ; l'importance accordée à l'intégration ecclésiale de la structure sociale et politique contribue également à sa vision universelle, de même que sa profonde spéculation philosophique. Il manifeste de plus que les notions de représentation, de consensus et de réception fonctionnent le plus souvent au service d'une ecclésiologie de l'Eglise universelle. En s'éloignant du concile de Bâle divisé (1437), Nicolas de Cues n'a donc pas changé de conception ecclésiologique fondamentale, mais il a accordé à partir de ce moment-là à l'évêque de Rome le rôle que d'autres ecclésiologies universelles reconnaissaient implicitement soit à l'empereur, soit au concile.
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