Résumé :
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La chrétienté a longtemps vu dans le paradis terrestre une réalité historique. Amalgamant le récit de la Genèse avec la culture antique, elle para le jardin des délices de toutes les beautés de l'Age d'or et des Iles Fortunées. Il est difficile aujourd'hui d'imaginer à quel point le paradis terrestre a préoccupé nos ancêtres. Pendant des siècles, de doctes ecclésiastiques s'interrogèrent sur la taille d'Adam et Eve, sur leur emploi du temps, sur leur pouvoir sur les animaux, sur leur vie sexuelle. Le Moyen Age crut que le paradis terrestre, bien qu'interdit, subsistait en Orient. Puis on abandonna progressivement cette croyance pour chercher au loin des pays fabuleux censés conserver quelques privilèges de climat, de faune et de flore du jardin d'Eden _ ce fut l'une des motivations des voyages de découvertes. D'autres se mirent à rêver avec une mélancolie croissante de l'Age d'or évanoui et du paradis perdu _ ce fut l'un des aspects de la Renaissance. En même temps, les érudits des XVI e et XVII e siècles tentèrent de localiser l'endroit où Dieu avait planté son jardin des délices ... jusqu'au jour où la mise en évidence de l'évolution conduisit à penser que les débuts de l'aventure humaine avaient été plus modestes qu'on ne l'avait supposé. Un rêve disparaissait, mais avec lui s'effaçait aussi l'image noire d'un Dieu en colère: pouvait-il avoir si durement puni l'humanité balbutiante des origines en la chassant du paradis terrestre? Jean Delumeau, membre de l'Institut, est professeur au Collège de France. Après avoir dévoilé les angoisses de la civilisation occidentale (La Peur en Occident et Le Péché et la peur) et leurs remèdes (Rassurer et protéger, L'Aveu et le pardon), il entame ici un nouveau parcours pour faire revivre les rêves de bonheur de nos ancêtres.
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