La Bible ne s'est pas seulement écrite et inscrite dans une conjoncture historique qui en éclaire le sens. Elle est concernée aussi par l'histoire qui, en aval du texte écrit, constitue la suite de ses relectures et de sa réception. Dans ce processus d'interprétation se joue également, d'âge en âge, le sens des Ecritures. De même, le travail herméneutique apparaît déjà, en amont cette fois des mots que nous lisons, dans les relectures et les réécritures de la mémoire et de l'expérience qui ont engendré, dès le Premier Testament, le texte biblique. La chance de notre moment présent est qu'il reçoit de l'herméneutique philosophique et de la poétique littéraire de grandes lumières pour éclairer ces réalités - elles furent d'ailleurs, pour une part, sensibles aux générations anciennes des lecteurs de la Bible. Ainsi, à l'école de pensées ou de pratiques contemporaines comme celles de H.-G. Gadamer, de P. Ricoeur ou de R. Alter, l'exégèse biblique s'ouvre à des dimensions négligées de l'histoire et du sens. Par là se retrouvent, au sein de notre modernité, les voies d'une «lecture intégrale» des Ecritures. Anne-Marie PELLETIER a enseigné la linguistique générale puis la littérature comparée, notamment à l'Université de Paris-X. En 1989 elle publiait dans les Analecta Biblica, à Rome, une thèse intitulée Lectures du Cantique des Cantiques, De l'énigme du sens aux figures du lecteur. Elle donne actuellement des enseignements à l'Ecole Cathédrale de Paris, ainsi qu'à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes.
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