AVANT-PROPOS Les lectures conjointes de l'épître aux Hébreux et des données de la tradition rabbinique sur la fête de Kippour sont à l'origine de l'intérêt que je nourris pour ce texte du Nouveau Testament, et donc de ce commentaire. Les points de contact entre Hébreux et Kippour sont plus nombreux que ce qui peut être perçu au fil d'une première lecture, et l'analyse que je propose est marquée par cette spécificité. Un colloque organisé par la Faculté de théologie de Louvain-la-Neuve en avril 2014 s'intitulait «L'épître aux Hébreux comme écrit "à la frontière"», frontière entre le monde intellectuel grec et le monde intellectuel juif, frontière dans l'histoire «à la fin de ces jours», à l'aube de la manifestation du monde nouveau, entre l'abandon d'un monde qui passe pour entrer dans celui qui vient, offrant aux lecteurs la situation peu confortable d'« étrangers et résidents temporaires sur la terre »(11,13). Ajoutons à cela l'insistance sur les sacrifices sanglants. Ils sont déclarés caducs, certes, mais sublimés par le sacrifice du Christ. Notre mentalité contemporaine n'entre pas spontanément de plain-pied dans ces scénarios. Si, en outre, l'on prend en compte les nombreux points qui font débat, on ne s'étonnera pas que lecteurs et prédicateurs franchissent d'un pas hésitant sur le seuil de cette épître. Cependant, une fois ces obstacles traversés, le paysage qui s'ouvre est vaste et attirant. Il serait dommage de n'y point pénétrer.
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