À chaque fois que la chrétienté s'est sentie menacée, dans son existence même, par une catastrophe due aux caprices de la nature ou aux errements des hommes, il n'a pas manqué de voix pour y annoncer l'heure du Jugement dernier et la Fin des Temps. La Seconde Guerre mondiale n'est que la dernière en date de ces catastrophes. Par leur eschatologie totalisante les Cahiers Dieu Vivant s'apparentent aux mouvements messianiques ou apocalyptiques du tiers monde dont c'est précisément l'un des traits distinctifs, mis en lumière par a sociologie et par l'ethnologie. Il ne s'agit toutefois pas de pousser trop loin une comparaison qui deviendrait vite fallacieuse. L'eschatologie n'est en effet que l'une des composantes de ces mouvements qu'elle ne suffit pas à définir. Nettement eschatologiques, apocalyptiques dans quelques textes particulièrement tranchés, les Cahiers Dieu Vivant entendent rester dans les limites de l'ortho­doxie chrétienne : aucune trace de messianisme chez eux, si ce n'est bien sûr dans les quelques textes juifs qu'ils accueillent.