Interrogé par un groupe d'amis sur la nature et les pouvoirs de l'âme, Cassiodore (v. 490 - v. 587), qui fut un temps haut fonctionnaire palatin au service du roi ostrogoth Théodoric le Grand et de ses successeurs, rédigea De l'âme vers 538. Récemment converti, il prend parti sur la question de l'âme, un des lieux de controverse entre philosophie païenne et réflexion chrétienne. En dix-huit chapitres se concluant par une prière, il affirme ainsi sa foi neuve tout en réassumant sa culture classique. Il s'attache à faire apparaître l'âme comme l'instrument et le milieu qui permettent à l'homme d'abord de parvenir à sa propre connaissance et à celle du monde, révélateurs l'un et l'autre de la puissance et de la bonté de Dieu, puis de se préparer à atteindre la condition béatifique. À partir d'emprunts aussi bien sacrés que profanes, auxquels les citations scripturaires servent de ciment, Cassiodore s'inscrit dans la tradition latine des traités sur l'âme initiée par Tertullien, et compose une oeuvre appelée à connaître une immense postérité. Alain Galonnier, directeur de recherche au CNRS (Centre Jean Pépin et équipe THETA), a axé ses travaux sur le transfert des savoirs et l'hybridation des cultures au Moyen Âge (vè - xiie s.), en particulier à travers la réception du néoplatonisme. Il a publié plusieurs traductions : écrits de saint Anselme de Cantorbéry, Opuscula Sacra de Boèce, Origogentis Cassiodororum [Anecdoton Holderi), ainsi qu'une édition critique (avec traduction) du De scientiis Alfarabii de Gérard de Crémone.
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